"Les difficultés s"accumulent"...

, par Lemmer Geneviève

Antoine sollicite le sous-Préfet, qui lui répond qu’il y a lieu de satisfaire sa demande sous réserve qu’il retourne habiter sur le territoire communal de sa concession. Mais, pour non respect de cette obligation, il n’obtient pas cet agrandissement.

En 1892, naissance de Eugène, 7ème et dernier enfant du couple. Antoine déclare toujours être cordonnier.

En 1893, Antoine sollicite deux fois le gouverneur général d’Algérie, espérant encore obtenir un agrandissement de sa concession à titre de compensation.

Pour justifier ses demandes, il met en avant la superficie insuffisante et le caractère inculte de ses terres, et essaie d’influencer le gouverneur dans sa décision, en faisant état de ses 14 années passées au service de sa patrie, de sa charge familiale importante ; et des difficultés qu’il a à gagner sa vie, tout en exerçant son métier de cordonnier.

Il joint pour appuyer sa demande, une pétition signée par d’autres colons qui confirment la mauvaise qualité de ses terres.

Le député de Constantine se charge de transmettre les requêtes avec un avis favorable.

Mais, le gouverneur, s’appuyant sur un décret d e 1878 qui interdit d’attribuer de nouvelles terres à ceux qui en ont déjà reçu, refuse de lui donner satisfaction.

Nous, descendants de ce couple, nous sommes nombreux, nous pouvons dire très modestement que le couple Antoine/Emilie fait partie de ces hommes et femmes, qui, par leur courage, leur expérience leur volonté ont donné la vie, au fil des ans, sur cette terre d’Algérie, qu’ils avaient découverte à l’état brut.

La fin de deux vies bien remplies...

Emilie est décédée en 1911, Antoine, lui est décédé en 1915. Ils reposent séparément dans le cimetière de Saint-Arnaud.

"90 années après Antoine et Emilie, leurs descendants victimes à leur tour de l’obscurantisme et de la barbarie, subissent l’humiliation du bannissement tout en voyant anéantir à jamais l’oeuvre accomplie. C’est la mort dans l’âme qu’ils abandonnent le "rêve algérien" pour lequel Antoine, Emilie et tant de patriotes ont souffert souvent jusqu’au sacrifice suprême.

Le retour sur le le français se fait dans l’indifférence générale, la calomnie, la médisance et avec une étiquette caricaturale de "pied-noir" nanti. En souvenir de l’esprit d’entreprise des pionniers, pour leur courage, leur souffrance et leur sueur mais surtout par la fierté caractérisant leurs descendants, on peut largement expliquer leur réintégration réussie."

Nous sommes fiers d’appartenir à cette famille, qui par son passage a laissé un peu d’histoire sur cette terre inoubliable : L’Algérie...

(Je remercie mon cousin Maurice Oberdorff pour la presque totalité de ce récit. Je n’ai ajouté ou modifié que quelques éléments, mais son travail a fait l’objet de beaucoup de recherches et d’attention).