
LETTRES d ’ ALGERIE
– André Segura naît à Paris le 19 novembre 1937. Excellent pianiste, André aime aussi les livres, le cinéma et le théâtre. Homosexuel, il fréquente les milieux intellectuels et artistiques. Le 1er mars 1958 il est appelé sous les drapeaux dans le sud-ouest de la France où il fait ses classes, puis c’est l’Algérie.
– Du 1er mars 1958 au 4 avril 1959, soit quatre jours avant qu’il ne soit tué au combat, André Segura écrira à ses parents. Des lettres fortes qui témoignent de sa douleur, de son ennui, de ses angoisses, de ses joies ... A travers sa sensibilité, s’exprime un besoin d’affection et de réconfort. Ces lettres sont également une
"photographie" de l’atmosphère qui régnait dans les casernes. Elles dépassent le cadre familial et sont
bouleversantes.
– Ces lettres sont la chronique de la guerre d’Algérie faite par un simple appelé qui n’est pas préparé aux duretés de la guerre. Tuer ou se faire tuer. C’est un étonnant journal intime d’un garçon cultivé et raffiné qui ne supporte pas d’être contraint à "l’enlaidissement". Dans les pires baraquements, il s’oblige à soigner son physique, à laver ses vêtements, à se parfumer ... Le jour même où il reçoit, à l’infirmerie, un fellagha torturé, il réclame à ses parents, outre les romans de Sagan, l’intégrale d’« A la recherche du temps perdu », Platon, Kant, Sartre, et « Paludes », de Gide. Il passe, sans sourciller, d’une autopsie d’un soldat musulman à la lecture du "Zarathoustra", de Nietzsche... André Segura était un garçon paradoxal. C’est ce qui fait le prix de ce témoignage sur le vif...
– André Segura meurt au combat le 8 avril 1959 à 22 ans. Son frère Jean a eu raison de sortir cette correspondance douloureuse des boîtes où elle dormait. Un destin sacrifié, en voici l’ultime trace.
