L’ EXODE d’un HARKI
La CROIX ROUGE nous accueillit avec de la nourriture et des vêtements.... Des camions nous transportèrent à la gare... Le voyage en train dura 6 heures... Un bus nous déposa dans une forêt. C’était à coté de SAINT MAURICE de l’ARDOISE. Un tracteur était en train de défricher un champ de maïs où l’armée installa des tentes et nous donna des sacs de couchage et des balots de paille... Nous fûmes ensuite recensés et un capitaine s’excusa pour les conditions précaires provisoires... Il y avait là 400 tentes, 5 familles par tente, et toutes les races étaient mélangées : Kabyles, oranais, constantinois, gens du sahara, etc... Il faisait froid, nous n’avions ni eau courante, ni électricité, ni argent. Une cuisine militaire nous donnait à manger et des vivres étaient distribués. Les médecins visitaient les tentes et envoyait les malades à l’hopital. Les gens se disputaient souvent pour les vivres. Plus tard un magasin et un hopital furent installés.
Ceux qui avaient des relations ou des contacts en métropole qui pouvaient les héberger, recevaient une prime, le prix du voyage et partaient.
A l’époque on trouvait du travail facilement. L’un d’entre nous avait connu l’usine USINOR à LOUVROIL. Il écrivit là-bas. On lui a proposé 40 places. C’est ainsi que 40 familles se sont retrouvées à HAUTMONT et ses environs. D’autres hommes étaient employés à planter des arbres en forêt. Peu à peu tous les hommes valides sont partis. Les blessés ont été acheminés en camion puis en train au camp de VILLENEUVE sur LOT. Il était composé de vieilles maisons. Nous faisions parti du lot.
Les formalités pour les pensions durèrent 9 mois.
Puis je fus transférée à RIVESALTES, qui est un grand camp. La nourriture était composée de rations de l’armée. On nous a photographié, questionné, répertorié et proposé une baraque vide avec des ustensiles militaires pour vivre. La baraque ressemblait à un grenier d’où l’on voyait les étoiles la nuit .... Les femmes célibataires ou veuves étaient isolées. Les hommes qui avaient été "chefs" dans leur passé militaires ont eu des responsabilités pour gérer le camp. L’armée a installé des grands réfrigérateurs avec distribution de vivres tous les mardis. Les robinets d’eau et les toilettes étaient à l’extérieur des baraques. Les moustiques ont causé des épidémies. L’armée faisait alors venir les hélicoptères (pour sulfater...).
Je suis restée 1 an et demi avec mon mari ainsi sans travail puis le camp a fermé. On nous a ramené à SAINT MAURICE de L’ARDOISE où des maisons avaient remplacé les tentes. Une maison pour 2 familles, toilettes extérieures, 25 kg de charbon par semaine, 160 frs par mois et par famille.
Nous sommes restés 1 an et demi et nous avons rejoint une personne de notre famille qui nous a hébergé.
Fin.