22 OCTOBRE 1956 : Détournement de l’avion de BEN BELLA

, par mansion

 22 Octobre 1956 : Ben BELLA et plusieurs chefs historiques du FLN ont longuement discuté avec le Sultan du Maroc MOHAMED V et son fils le prince HASSAN. Ils doivent ensuite rejoindre la Tunisie pour discuter à nouveau avec BOURGUIBA. Le Roi prendra un avion spécial qui survolera l’Algérie et les membres du FLN un DC3 de la compagnie AIR ATLAS qui par sécurité fera un détour par les Baléares.

 L’équipage du DC3 est entièrement français, du commandement de bord Gaston GRELLIER (croix de guerre etc..) à l’hotesse de l’air Michèle LAMBERT.

 Mais ... à ALGER des petits "futés" du cabinet de Robert LACOSTE sont au courant et "gambergent" : Michel GORLIN et le Colonel BRANET. Robert LACOSTE injoignable semble-t-il est en déplacement en France. Ils essaient d’avoir le feu vert d’une autorité gouvernementale. Ils trouvent Max LEJEUNE (secrétaire d’état à la Guerre) et Abel THOMAS (directeur du cabinet de BOURGES-MAUNOURY, Ministre de la Défense). La décision est prise vers 10h du matin sur la base de ces 2 accords d’intercepter l’avion du FLN.

 A 16 heures les autorités militaires d’ORAN prennent contact avec l’équipage de l’appareil : "... vous avez 5 salopards à bord, il nous les faut....". L’équipage ignorait alors qui étaient leurs passagers. Malgré tout, le pilote hésite et prend contacte avec sa compagnie.... Puis demande à ce que les familles de l’équipage soient mises en lieu sûr en France. Le SDECE au Maroc fait aussitôt le nécessaire et embarque les familles dans un avion en pleine nuit.

 Ces échanges radio se passent en clair et tout le monde en "profite" dans le secteur. Un avion d’Air France intervient "bravo les gars ! allez-y ...".

 Entre temps Robert LACOSTE arrive à ALGER. Il est mis au courant. Il n’a aucun scrupule à valider le projet, au contraire.

 Pour éviter d’attirer la méfiance des passagers, l’hôtesse de l’air s’occupe d’eux .... ferme les rideaux et joue aux cartes avec le FLN. Pendant ce temps l’avion tourne en rond pour arriver à Alger à l’heure prévue pour Tunis.

 Les lumières d’une grande ville apparaissent. Tunis ? demande BEN BELLA. Oui, TUNIS répond l’hotesse, attachez vos ceintures. Puis tout l’équipage s’enferme dans la cabine de pilotage (BEN BELLA et ses collègues sont armés).

 A l’atterrissage l’équipage quitte l’avion par la sortie de secours, l’hôtesse se blesse à la cheville. Les lumières à l’intérieur de l’avion s’éteignent et à l’extérieur des projecteurs aveuglants illuminent l’avion. Le colonel ANDRES et son équipe font irruption dans l’avion. BEN BELLA a pour premier reflexe de vouloir se battre mais ses collègues l’en empèchent. BEN BELLA dira ".. je n’aurais jamais crû les français capables d’un coup pareil...."

 22 heures : Robert LACOSTE avertit SAVARY qui court prévenir Guy MOLLET (en plein banquet). Guy MOLLET n’apprécie pas du tout la plaisanterie. Il a une altercation avec Max LEJEUNE. Puis on prévient COTY, en robe de chambre qui dit : "... nous sommes déshonorés... quels sont les noms de ces malheureux...". LEJEUNE rétorque en donnant les noms des cinq "criminels de guerre". COTY, PINEAU et SAVARY demandent la libération des personnes arrétées, LEJEUNE et BOURGES-MAUNOURY sont d’un avis contraire. On doit séparer LEJEUNE et SAVARY. Entretien orageux entre LACOSTE et DE LEUSSE (ambassadeur de France à Tunis). LACOSTE : "...je me demande si certains fonctionnaires sont encore français.. j’ai pas de leçons à recevoir de petits zigotos qui tortillent les points virgules ...".

 Guy MOLLET finalement entérine à contre-coeur l’opération, SAVARY démissione, MITTERRAND n’est pas d’accord mais ne démissionne pas...

 BEN BELLA et ses compagnons resteront internés 6 ans alternant prisons et chateaux.